Gute alte Tipps und Tricks sind viel wertvoller als ein Haufen abstrakter, von der Realität abgehobener, theoretischer Lektüren. Wer Lehrkräfte kennt, hat bestimmt schon solche Aussagen gehört. Wie könnte man also Theorie und Praxis in der Fremdsprachendidaktik zusammenbringen? Penny Ur, die renommierte Lehrerin und Didaktikerin des Englischen als Fremdsprache, stellt in einem kürzlich erschienenen Artikel Überlegungen zu dieser Frage an. Diese intensive theoretische Auseinandersetzung mit ihren praktischen Erfahrungen richtet sich sowohl an Lehrende als auch Forscher-innen oder Ausbildner-innen.
Die Ausbildung von Sprachlehrpersonen besteht hauptsächlich aus zwei Informations- und Wissensbereichen: einerseits theoretische, auf den Unterricht zu übertragende Kenntnisse und andererseits praktische, im Sprachunterricht anwendbare Ideen. Während einige den praktischen Ideen mehr Wert beimessen, betonen andere die Bedeutung von Theorien für den Unterricht. Theorie und Praxis werden also oft als unvereinbar angesehen. Aber sind sie das tatsächlich? In ihrem Artikel erläutert Penny Ur (2019), inwiefern sich diese zwei häufig entgegengesetzten Vorstellungen eher ergänzen als unterscheiden. Mit konkreten Beispielen, wie der indirekten Erfahrung durch Austausch von Unterrichtserfahrungen, zeigt sie, wie sich Theorie und Praxis im Sprachunterricht vereinbaren lassen.
Un soi-disant fossé entre théorie et pratique
Selon l’autrice, les pratiques renvoient à une expérience, à une action entreprise en temps réel dans la classe de langue. Par exemple, un jeu, une tâche ou un conseil pragmatique tel que «nettoyer le tableau avant le début du cours» appartient à cette catégorie. La théorie, quant à elle, se rapporte à un ensemble de principes qui définissent, expliquent ou prédisent les comportements décrits dans le cadre de la pratique. Les théories se retrouvent souvent sous forme de concepts, à l’instar de la « communication » ou du « langage » ; ou alors sous forme d’approches, telles que l’ « approche communicative » ou l’ « input hypothesis » de Krashen, par exemple. Une idée reçue est qu’il existe un fossé entre théorie et pratique. En effet, d’après Penny Ur, les praticien-ne-s estimeraient parfois que les théories sont peu réalisables dans l’exercice de leur profession et que la pratique est plus pertinente. Elle exemplifie cette opinion en évoquant une citation apparemment populaire des enseignant-e-s : « Don’t confuse me with theories, just give me practical ideas I can take into the classroom ».
D’un autre côté, selon Penny Ur, on entend dire que les théories ne seraient réservées qu’aux expert-e-s du milieu académique, sous prétexte que les enseignant-e-s ne formuleraient pas de théories. Penny Ur affirme qu’il s’agit là d’une conception réductrice des notions de théorie et pratique. Il se pourrait bien que les enseignant-e-s ne formulent pas de théories de manière explicite, cependant, ils/elles en appliquent constamment dans leur pratique : les notions théoriques auxquelles ils/elles adhèrent se manifestent à travers leur comportement. Ainsi, lorsqu’un-e enseignant-e renonce à l’utilisation de la langue première des élèves, il/elle suit implicitement un principe théorique : l’idée que les élèves soient exposé-e-s le plus possible à la langue-cible et le moins possible à la L1. En outre, Penny Ur démonte une autre idée reçue : celle consistant à dire que théorie rime exclusivement avec recherche. Bien que la recherche soit susceptible de tester ou fonder les théories, celles-ci peuvent provenir de sources autres que les résultats d’une étude, notamment de l’expérience ou même d’une simple observation personnelle. Dès lors, « théorie » n’est pas forcément synonyme de « science empirique » et, dans le cas où une théorie dérive de la recherche, toujours selon Penny Ur, elle ne doit pas être interprétée comme une vérité incontestable, mais plutôt comme une occasion de réfléchir et de porter un regard critique sur sa propre pratique.
Comment concilier pratique et théorie
Afin d’illustrer le lien entre pratique et théorie auprès d’enseignant-e-s, notamment pour celles et ceux en formation, Penny Ur rappelle le « cycle d’apprentissage expérientiel » de Kolb (1984) : on part d’une expérience concrète d’enseignement (expérimentation), suivie d’une observation réfléchie, puis d’une conceptualisation et l’émission d’hypothèses, suivies par une nouvelle expérimentation, et ainsi de suite. Elle explique comment un-e enseignant-e peut ainsi évaluer la pertinence ou l’adéquation d’une pratique en fonction d’un principe théorique, par exemple : quelle activité (pratique) paraît la plus appropriée pour garantir le plus de temps consacré par les élèves à l’apprentissage (principe théorique) ?
En outre, l’autrice suggère l’expérimentation indirecte : un-e enseignant-e (en l’occurrence formateur-trice) partage l’une de ses expériences d’enseignement à travers son propre cycle d’apprentissage expérientiel à de futur-e-s enseignant-e-s, dans laquelle il/elle a réussi ou non à mettre en œuvre un concept théorique (par exemple, pousser ses apprenant-e-s à parler dans la langue-cible). Dès lors, les enseignant-e-s en formation peuvent « revivre » indirectement les expérimentations et les réflexions de l’enseignant-e formateur-trice pour en bénéficier dans leur pratique.
Enfin, Penny Ur admet que de nombreux conseils ou activités didactiques et pédagogiques de nature plus pratique et pragmatique peuvent être abordés sans faire mention de notions spécifiquement théoriques, mais qu’il est tout autant légitime pour les enseignant-e-s d’être informé-e-s des théories existantes pour connaître les enjeux autour de l’apprentissage des langues étrangères.
Enseigner : une science autant qu’un art
L’article de Penny Ur sur le lien entre pratique et théorie nous ramène aux fondements de la nature du métier d’enseignant-e: une profession qui, d’une part, peut être enseignée et transmise par une série d’actions basées sur la théorie, et d’autre part, qui a trait à un art, faisant appel à l’intuition et la créativité. L’autrice souligne ainsi les facteurs importants que sont le contexte et les différences individuelles. Ils impactent fortement le déroulement de l’enseignement.
Penny Ur ne tient pas de discours dogmatique : elle ne place pas la théorie au-dessus de la pratique ou vice-versa, ce qui a de quoi réconcilier bon nombre d’enseignant-e-s et de théoricien-ne-s. Elle reconnaît aussi l’utilité de la recherche au bénéfice de l’enseignement et de l’acquisition des langues, tout en appelant à y porter un regard critique en fonction de sa propre expérience.
Finalement, elle apporte un message bienveillant et rassurant à l’égard des enseignant-e-s de langues : la formation professionnelle reste indispensable, dans la mesure où elle apporte aux futur-e-s enseignant-e-s les savoirs et savoir-faire nécessaires à l’entrée dans le métier, sans que ceux et celles-ci ne doivent apprendre que par le biais d’essais et d’erreurs. Il en est de même pour les enseignant-e-s expérimenté-e-s dont l’expérience seule ne saurait également tout leur apprendre. Son message saura-t-il réconforter enseignant-e-s et formateur-trices ? En effet, Penny Ur concède également que nombreux sont les praticien-ne-s qui affirment que leur meilleure source d’apprentissage reste leur propre expérience pratique. Le débat ne semble donc pas clos.
Références bibliographiques:
Kolb, D. A. (1984). Experiential learning: Experience as the source of learning and development. Englewood Cliffs, NJ: Prentice Hall.
Ur, P. (2019). Theory and practice in language teacher education. Language Teaching 52, 450–459.
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